Il était une fois un homme qui portait sept masques différents, un pour chaque jour de la semaine. Quand il se levait le matin, il se couvrait immédiatement le visage avec un de ses masques. Ensuite, il s’habillait et sortait pour aller travailler. Il vivait ainsi, sans jamais laisser voir son vrai visage.
Or, une nuit, pendant son sommeil, un voleur lui déroba ses sept masques. A son réveil, dès qu’il se rendit compte du vol, il se mit à crier à tue-tête “au voleur !” Puis se mit à parcourir toutes les rues de la ville à la recherche de ses masques.
Les gens le voyaient gesticuler, jurer et menacer la terre entière des plus grands malheurs s’il n’arrivait pas à retrouver ses masques. Il passa la journée entière à chercher le voleur, mais en vain.
Désespéré et inconsolable, il s’effondra, pleurant comme un enfant. Rien ne pouvait le réconforter. Il n’était plus rien, ni personne.
Une femme qui passait par là s’arrêta et lui demanda pourquoi il pleurait ainsi.
Il leva la tête, confus et répondit d’une voix étouffée qu’on lui avait volé ses masques et, que le visage ainsi découvert il se sentait trop vulnérable.
Elle le consola et lui demandait de la regarder, elle avait toujours montré son visage, elle voulait voir le sien.
Il la regarda longuement, elle était très belle.
Elle se pencha, lui sourit et essuya ses larmes.
Pour la première fois de sa vie, l’homme ressentit, sur son visage, la douceur d’une caresse.
(A tous ceux qui ne sont eux même qu’à travers des mots, derrière leur masque…)
Texte de Véronique Tadjo, écrivaine ivoirienne, grand prix littéraire d’Afrique noire en 2005
Laisser un commentaire